Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/334

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ces beaux tableaux, j’ai pu reconnaître qu’ils fortifie toutes les passions généreuses, et qu’ils affaiblissent toutes les autres. Je ne crois pas que l’avarice, l’égoïsme, l’ambition aient jamais regardé le ciel, mais je suis persuadé que la charité, l’amitié, l’amour, les plus douces vertus de l’homme, ne perdent jamais de vue cette voûte céleste d’où elles sont descendues.

Vous voyez, mon cher ami, qu’au lieu de faire ici un cours d’astronomie, je vous fais un cours de morale. N’est-ce pas, en effet, dans le ciel que le genre humain a trouvé ses plus grandes leçons et ses plus grandes pensées ? C’est là que se rattache l’idée de l’immortalité, et que les anciens plaçaient ce qui devait échapper au temps. L’écriture a dit : Cæli enarrant gloriam Dei, mais l’homme aussi a voulu que sa gloire fût racontée dans les cieux ; il a voulu que les constellations, parlassent de lui ; il a donné son nom aux astres radieux comme à des ouvrages sortis de ses mains, il se plaît à retrouver dans le ciel quelque chose de ses affections et de sa propre histoire.

Je me laisse aller à l’humaine faiblesse, et je me figure quelquefois, en regardant cette voûte étoilée, qu’elle est habitée par des êtres qui ont nos goûts et nos habitudes ; je me figure que la passion des voyages les anime comme nous, et qu’à travers ces mondes innombrables, ils se visitent entre eux comme les habitans des régions diverses de notre