Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/34

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habitation. Dans la partie supérieure des rochers arides, des surfaces calcinées frappent seul les regards des navigateurs. La région qu’on rappelle la région du feu, paraissait immobile, et calme. On apercevait seulement sur les points les plus élevés une fumée blanche que les naturalistes regardent comme le signal[1] des grandes éruptions.

Vers le soir, le vent s’est levé et nous sommes entrés dans la mer d’Ionie, laissant à notre droite la mer et les côtes d’Afrique, et à notre gauche les rives méridionales, de la Calabre, les golfes de Tarente, d’0trante, de Brindes et de Bary. C’est dans ces ports, autrefois célèbres, que s’embarquaient les armées chrétiennes pour se rendre dans les contrées d’0rient. C’est de Bary que partirent le comte, de Vermandois, le comte de Chartres, et plusieurs autres chefs de la première Croisade. C’est à Brindes qu’embarqua l’empereur d’Allemagne, Frédéric II, excommunié pour n’avoir pas été dans la Terre-Sainte, excommunié ensuite pour y être allé.

Brindes nous rappelle aussi un grand souvenir littéraire : Virgile y mourut au retour de son voyage en Grèce ; il avait vu. la ville de Minerve, Chio et son école d’Homère, Samos, et son temple de Junon, les beaux rivages de l’Ionie où coule le divin Melès.

  1. Nous avons appris plus tard que, le lendemain même de notre passage, une terrible éruption a porté l’effroi dans Catane dans tous les lieux voisins.