Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/340

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nuit les sentinelles qui crient et se répondent de quart d’heure en quart d’heure ; il n’y a pas moyen de dormir dans le voisinage de ces gardiens, que j’aurais volontiers comparés aux oies du Capitole, si la comparaison n’était pas un peu usée.

La petite ville de Baba, après laquelle nous avons tant soupiré, ne mérite pas une description détaillée ; elle est bâtie sur une colline dominée par de hautes-montagnes. Les maisons de Baba ne sont autre chose que d’humbles cabanes de pierre. La plupart ne reçoivent le jour que par des fenêtres grillées : on ne trouverait pas un carreau de vitre dans toute la ville. Les coutelleries de Baba avaient autrefois de la réputation. Ces fabriques existent encore aujourd’hui, mais ne valent pas la peine qu’on en parie. Tout ce qu’on peut remarquer ici, c’est une baie sûre et commode où les navires viennent s’abriter contre le vent du nord.

Baba a peu de ressources, et nous avons de la peine à y vivre. On peut s’y procurer du pain tous les jours, quelquefois de la viande ; mais tout cela se distribue de grand matin. Les vivres sont ici comme la manne du désert ; on ne trouve plus rien lorsque le soleil est sur l’horizon. La population, composée d’environ deux mille habitans, est toute musulmane : on n’y voit que deux Grecs seulement ; l’un est boulanger et demeure près de notre café ; l’autre vend du vin aux étrangers qui passent. Il loge et couche dans une barque qui lui sert à la