Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/351

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toutes parts ; une ombre légère et transparente touche à peine le sol embrasé ; la terre s’y prête à la culture et les moissons y mûrissent comme dans les champs découverts.

Deux sortes de chênes croissent sur le sol de l’Anatolie ; l’un est le chêne nain qui fourni la galle produite par un insecte, l’autre fournit la vélanède ; vous savez, que les galles sont employées à la teinture, et la vélanède à la tannerie ; on les exporte en Italie et dans d’autres contrées de l’Europe. À qui sont ces forêts de chênes ? disais-je à notre interprète Dimitri ; aux agas, me répondait-il, qui font amasser par les habitans la vélanède et la galle, et qui vendent la récolte. Après les agas, ajoutait-il, je ne connais pas dans ce pays un être vivant qui profite de ces vastes forêts, si ce n’est les sangliers qui les habitent, et qui se nourrissent des glands tombés des arbres. J’aurais pu répondre à Dimitri par une bonne tirade philosophique contre les agas de l’Anatolie, mais j’étais harassé de fatigue, je pouvais à peine me tenir sur mon cheval ; je me trouvais ainsi fort peu disposé à rompre des lances contre la tyrannie, et jamais je n’avais mieux senti le besoin de vivre en paix avec tout le monde.

Nous n’étions pas loin d’Alexandria Troas que nous avions le projet de visiter. Ordinairement, les voyageurs s’aperçoivent qu’ils approchent d’une grande cité, à la foule de gens qu’ils rencontrent. Ici nous ne rencontrons personne. Dans les pays