Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/390

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pouvaient accuser la vanité de leurs prétentions. Les Iliens avaient leur Pergama, leur Palladium qu’ils montraient aux étrangers, et se vantaient d’habiter une ville bâtie par Neptune et par Apollon.

La cité ilienne était gouvernée d’abord par les prêtres de Minerve : l’imagination des Iliens s’était fait une religion avec les souvenirs de l’Iliade. Ils adoraient les dieux protecteurs de Troie ; ils révéraient la mémoire des héros qui s’étaient couverts de gloire dans les champs troyens ; le peuple effrayé, croyait les voir apparaître au milieu des nuits, et renouveler sur les bords du Simoïs les batailles décrites par Homère. Achille, Hector, Diomède, les deux Ajax couverts de leurs armes, Pallas, Neptune, le dieu de la guerre combattant dans la mêlée, quel terrible spectacle ! La multitude eut besoin d’être rassurée contre de semblables apparitions, et l’histoire nous a conservé le nom d’une plante de la Troade qui avait la vertu singulière de guérir les habitans de la frayeur que leur causaient les héroïques images de l’épopée.

Alexandre, visitant la nouvelle Ilion, se prosterna devant les autels de Minerve Ilias, et se revêtit des armes qu’on lui disait avoir appartenu aux guerriers célébrés par Homère. Lorsque les Romains pénétrèrent en Asie, ils crurent retrouver, comme Alexandre, la glorieuse patrie d’Hector, et le souvenir de leur parenté avec le fils d’Ënée,