Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/407

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Hector est touché des alarmes d’Andromaque ; mais que diraient les Troyens et les Troyennes, s’il se tenait éloigné du combat ; ne doit-il pas d’ailleurs rester fidèle à sa propre, gloire ; car on l’a toujours vu combattre aux premiers rangs. Il sait qu’un jour la ville de Troie périra avec son roi et son peuple, et lorsqu’il envisage ce déplorable avenir, ce n’est pas la mort d’Hécube, de Priam et de tous ses frères, qui l’affligent le plus, c’est le sort d’Andromaque, emmenée comme captive, et devenue la vile esclave d’une reine d’Argos. Ah ! que le noir tombeau l’enferme sous des monceaux de terre, avant que cette fatale destinée s’accomplisse, et que sa chère épouse ne soit arrachée de son palais par un vainqueur sans pitié ! En achevant son discours, Hector s’approche de son fils et lui tend les bras ; Astianax, effrayé à la vue du panache qui flotte sur le casque du héros, se rejette avec de grands cris dans le sein de sa nourrice ; le père et la mère sourient de sa frayeur, en même temps Hector ôté son casque, le pose à terre, prend son fils entre ses bras, le baise avec tendresse, et l’élevant vers le ciel, il s’adresse à Jupiter et aux autres dieux. Le héros n’a plus les tristes pressentimens qu’il avait d’abord ; car la faiblesse et l’innocence d’un enfant ont dû désarmer la colère céleste : « Faites, dit-il, en s’adressant aux dieux protecteurs de Troie, faites que cet enfant règne un jour dans Ilion, aimé de ses sujets et de ses voisins ; et