Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/464

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point d’affluer dans notre étroit asile. Nous ne pouvions trouver un moment pour écrire ou pour prendre nos repas. Au reste, si nous sommes pour les visiteurs un objet de curiosité, ils sont aussi un spectacle fort curieux pour nous ; ces Grecs, ces Turcs, ces Juifs, pour parler le langage des peintres, viennent poser devant nous, et nous n’avons qu’à les peindre tels qu’ils se présentent. On a reconnu le premier jour que nous n’étions pas des marchands ; mais le lendemain la foule s’était accrue, parce qu’on nous prenait pour des médecins. Il faut vous dire que l’air du pays n’est guère plus sain que du temps d’Agamemnon ; les exhalaisons qui s’échappent des marais et des lieux inondés par le débordement du Simoïs, répandent beaucoup de maladies dans la contrée ; ce ne sont plus les flèches d’Apollon qui portent partout le deuil et les funérailles, mais les rhumatismes aigus, le typhus, la fièvre quarte et la fièvre tierce. Tout le monde était malade à Kounkalé quand nous y sommes arrivés. On ne rencontrait dans les rues que des figures blêmes ; au milieu de cette population malade, il n’y avait pas un médecin, pas même un charlatan. C’est le cas de faire ici une réflexion qui s’est présentée souvent à mon esprit ; les contrées que nous parcourons maintenant ont été dans l’antiquité le berceau de la médecine Esculape professait l’art de guérir à Bergame, qui lui éleva des autels ; son école, encouragée par ces