Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/51

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de Ville-Hardouin y aborda en revenant de la Terre-Sainte ; et ce fut là qu’il forma le projet de conquérir la Morée. Modon fut dans la suite cédée aux Vénitiens qui l’ont gardée jusqu’en 1715. On y a retrouvé sur d’anciennes murailles le lion de Saint-Marc et plusieurs écussons de Venise. En 1770, les Russes s’étaient emparés de Modon : les Turcs, qui l’avaient reprise, montraient avec orgueil les canons qu’avaient laissés dans la ville les guerriers du Nord, et disaient, dans leur langage oriental, que les Moscovites avaient fui comme l’abeille qui laisse son aiguillon dans la blessure. Modon fût la première des villes de la Grèce qui vit flotter les étendards d’Ibrahim ; et c’est là, sans doute, le plus douloureux des souvenirs qui lui restent. Les voyageurs et les savans de la commission ont vainement cherché dans cette ville, les vestiges de l’ancienne Méthone. On n’a pas même trouvé remplacement des temples de Minerve et de Neptune, dont parle Pausanias. Il faut croire que la ville a changé de place, et que, dans les temps reculés, elle n’était point sur la langue de terre qu’elle occupe maintenant. Je ne veux point anticiper ici sur les découvertes de nos savans, et je vous renvoie à la description détaillée qu’ils ne manqueront pas de vous donner[1].

  1. Nous lisons, dans la relation de la commission scientifique en Morée, une description complète et curieuse de Modon et de ses environs.