Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/80

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close. Il ne faut pas croire, toutefois, que nos promenades rapides à travers l’Archipel soient sans charme et sans agrément. Mille tableaux se succèdent sans cesse autour de nous, et nous offrent des distractions continuelles. Ce sont tour à tour des rochers sauvages, des terres couvertes de vignes ou de moissons, des cités avec leurs tours et leurs remparts, des lieux remplis de grands souvenirs ; s’il ne nous est pas permis de parcourir les pays offerts ainsi à nos regards, et d’en rapporter quelques trésors d’érudition, nous pouvons du moins admirer de loin toutes ces merveilles, et jouir chaque jour de la magnificence et de la variété du spectacle.

Il y avait trois jours que nous avions quitté la rade de Navarin. Nous étions toujours contrariés par les vents. Après avoir erré long-temps dans les parages d’Hydra et de Spezzia, nous sommes entrés enfin, le 8 juin, dans le golfe de Naupli, ou la mer Argolide. Vers le milieu de la journée, le Loiret a mouillé au fond du golfe en face de Naupli, que nous appelons, d’après les Italiens, Napoli de Romanie. Naupli est une des principales villes de la Morée, aujourd’hui le siège du gouvernement. Les Croisés, après la prise de Constantinople, s’en emparèrent, et la gardèrent jusqu’au XV<up>e siècle. Elle resta ensuite, comme plusieurs autres conquêtes des Croisés, au pouvoir des Vénitiens qui l’ont prise et reprise plusieurs fois sur les Turcs.