Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/93

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tres. — La chose ne sera pas facile ; on a pu élever quelquefois un temple au vrai Dieu avec les colonnes d’un temple de Jupiter ou de Minerve mais comment bâtir un trône sur le sol et avec la poussière des vieilles républiques ? — Ce que m’a répondu ici son Excellence m’a prouvé qu’il partageait mon avis. Si j’ai deviné sa pensée, il ne m’a pas paru trop éloigné de croire qu’on aurait mieux fait de s’en tenir à la présidence. — Quel que soit le nom qu’on donnera à la Grèce régénérée, il sera toujours difficile de gouverner un pays que tout le monde a la prétention d’avoir sauvée, et qu’on prétend sauver tous les jours. Une autre difficulté, et la plus grande de toutes, c’est la misère qui suit une révolution et qui produit le mécontentement indocile et la plainte séditieuse. Un retour rapide et violent à la liberté doit avoir altéré l’esprit d’obéissance et affaibli le respect des peuples pour tout ce qu’il y a de sacré dans les sociétés humaines. — Le président est convenu qu’il y avait beaucoup à faire encore pour établir chez les Grecs un bon gouvernement. Nous n’avons plus, a-t-il ajouté en souriant, la ressource merveilleuse de l’oracle de Delphes ; mais les principes nous tiendront lieu de croyances. — Les principes peuvent être invoqués encore dans nos tribunes politiques, ils peuvent encore servir de prétexte à l’ambition, à la haine, à l’esprit de parti ; mais ils ne règlent plus la conduite dé personne. Une chose malheureuse, a