Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

occasion, il n’y a rien de plus généreux que la misère. Les Grecs, du village que nous avons vus, se plaignent beaucoup des agas qui les ruinent : il faut qu’ils livrent aux agens du fisc tout ce qu’ils recueillent ; ils ne peuvent ni vendre à leur gré ni garder pour eux-mêmes ce qui n’est pas jugé nécessaire à leurs besoins. Un des principaux habitans venait de recevoir la bastonnade pour s’être réservé une demi-livre, de, la soie qu’il avait récoltée.

Tous ces pauvres Grecs sont sans cesse dans l’attente d’un secours qui doit leur arriver d’Europe ; peu s’en faut qu’on ne nous ait pris pour l’avant-garde d’une armée de libérateurs. Les hommes n’osaient pas trop nous parler ; ils nous envoyaient leurs femmes. — Quand viendra-t-on nous délivrer ? disaient-elles. — Prenez patience. — Il y a si long-temps que nous souffrons. — Parmi les jours qui sont encore derrière la montagne, il y en a un qui est marque pour votre délivrance mais il faut l’attendre. — J’ai voulu répéter, ici ce que j’avais, dit à notre hôte d’Artaki ; je n’ai persuadé personne. Comment peut prospérer un empire où la moitié des habitans est ainsi, condamnée au désespoir et ne trouve pas même une consolation dans les réformes qu’on prépare ! J’ai remarqué partout que ce n’était pas seulement la misère qui donnait aux Grecs une si grande impatience de changement. Il règne entre les Grecs