Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/146

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de Brousse se perdait pour nous dans un horizon lointain.

En longeant la côte d’Europe, nous avons passé devant Rodosto ; il était nuit, et nous n’avons pu voir cette ville dont l’histoire nous répète si souvent le nom, et qui est encore la plus considérable de toutes les villes de cette côte après Gallipoli. Le jour se levait à peine, quand nous avons salué l’ancienne ville d’Héradée (Eski-Erekli), bâtie en amphithéâtre sur une colline. On pourrait encore reconnaître cette ville à la description que nous en a laissée Diodore de Sicile. Cette cité, qui fut fondée par l’Hercule-Phénicien, paraît abandonnée aujourd’hui, et son port, le plus beau de tous ceux de l’Hellespont et de la mer de Marmara, ne reçoit plus dans ses eaux solitaires que quelques barques de pécheurs. Nous sommés bientôt arrivés à Sélivrée, où nous avons passé quelques heures.

Il faut distinguer à Sélivrée l’ancienne et la nouvelle ville ; celle-ci s’étend au bord de la mer et non loin du port ; elle n’est guère habitée que par des Turcs, qui paraissent un peu plus actifs que dans d’autres villes musulmanes. Le port de Sélivrée n’est accessible qu’à de petits hàtimens. Nous n’y avons rencontré que des portefaix qui chargent du charbon pour Constantinople. La ville est traversée par une route qui mène à Stamboul et qui paraît assez fréquentée : nous avons vu passer par cette