Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/156

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populeux des bouquets d’arbres des terrains incultes, de tous côtés des mosquées avec leurs dômes en forme arabesque et leurs minarets s’élançant vers le ciel comme des colonnes aériennes ; au-delà des remparts, les cyprès des cimetières qui entourent la ville d’une ceinture funèbre ; tel est le tableau qui frappe d’abord les regards. Au centre de ce tableau, vous apercevez le havre ou la Corne-d’Or, qui s’étend comme une mer au milieu de la cité. Cette mer aboutit aux principaux quartiers de la ville et sert à les rapprocher entre eux. Les flots sont couverts de barques, de nacelles qui vont d’un rivage à l’autre ; là, plusieurs vaisseaux de ligne nous montrent l’oriflamme du Croissant ; plus loin, nous voyons une forêt de mâts, où brillent les pavillons de tous les pays. Mais cette grande image de Stamboul ne se compose pas seulement de ce qui est autour de vous ; tout ce qu’on aperçoit dans l’horizon lointain en fait partie ; le Bosphore et ses bords enchantés, les campagnes désertés de la Trace, la mer de Marmara et les côtes d’Asie jusqu’au mont Olympe, tous ces points de vue semblent renfermés, pour le spectateur, dans la vaste enceinte de la ville impériale.

C’est ainsi que se présente la ville de Constantinople, lorsqu’on la voit de la tour du Seraskier. Quand on est descendu de la tour et qu’on parcourt l’intérieur de la cité, le merveilleux du tableau s’efface et disparaît ; ce ne sont plus que des rues