muraille ruinée. Nous avons vu sur les sommets des tours des arbres à fruits rouges, presque aussi gros que nos orangers des Tuileries. Dans une de nos promenades, j’ai cueilli d’excellentes figues à l’entrée d’une brèche, qu’on dit avoir été ouverte par le canon de Mahomet II.
Je ne m’arrêterai plus sur ce qui nous reste de l’ancienne Bysance, car j’ai le projet de vous faire connaître la ville telle qu’elle est de nos jours ! Je veux donc étudier avec vous, non les révolutions des temps passés, mais celles qui sont arrivées de notre temps. Nous laisserons la poésie des vieilles ruines, les inscriptions et les médailles antiques, pour observer les monumens contemporains et les médailles vivantes, je veux dire les lois, les caractères et les physionomies de l’âge présent. Je porterai désor mais mes études, sur ce qui vit et respire, et non sur ce qui est mort et ne peut ressusciter. Vous pourrez, voir quand vous le voudrez, la ville de Constantin ou la ville des Césars dans Banduri, dans Ducange, et surtout dans Pierre Gillius qui en sait là-dessus beaucoup plus que moi. Je ne vous parlerai plus dans mes prochaines lettres que de la ville des sultans et de la population qui l’ha bite aujourd’hui.