Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/19

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taines. Le sol y est aride, la campagne sauvage et triste ; je dois ajouter, d’après les récits des voyageurs, qu’il existe aussi une grande différence entre les populations qui habitent l’un et l’autre rivage. De l’autre côté du détroit, les habitans ont conservé le caractère dur et grossier des anciens peuples de la Thrace ; sur la rive où nous sommes on retrouve encore les mœurs douces et paisibles de l’antique Asie ; aussi voyage-t-on avec plus de sûreté sur la rive asiatique que sur la rive opposée. Dans notre route, depuis le cap Baba jusqu’aux Dardanelles, nous n’avons pas entendu parler d’un seul accident arrivé à des voyageurs, tandis que de l’autre côté de l’Hellespont, les routes sont presque toujours infestées de brigands, et que chaque jour il s’y passe des événemens tragiques.

Ce ne sont pas seulement les rivages de l’Hellespont qui attirent notre attention ; la mer elle-même nous présente un spectacle plein de mouvement et de variété. On y voit sans cesse des vaisseaux avec toutes sortes de pavillons, qui viennent du Bosphore ou de l’Archipel ; le détroit est couvert d’une foule de petits bâtimens qui vont d’Europe en Asie, ou d’un port à un autre ; les uns se laissent entraîner aux vents et déploient toutes leurs voiles, les autres luttent péniblement contre les vagues, et présentent leur flanc incliné à la tempête qui les repousse. Quelques navires sont attachés au rivage, attendant qu’un vent favorable leur