Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/233

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des Turcs, c’est la haine qu’ils ont vouée à leurs oppresseurs. L’idée de la Morée affranchie revient sans douté dans leur esprit, mais c’est à peine si leurs timides regards osent se porter du côté du Péloponèse.

La nation des Arméniens se distingue par son esprit spéculatif, et semble appelée par son caractère à la profession du commerce ; elle songe peu à sa première origine et n’est point préoccupée du souvenir d’Erivan, d’Édesse et des rives de l’Euphrate. Partout où il y a des métaux précieux, un véritable Arménien trouve sa patrie ou l’équivalent ; il connaît tous les moyens de gagner de l’argent et n’en néglige aucun ; il est surtout habile à conserver les trésors qu’il entasse, et ses coffres une fois pleins ne s’ouvrent pas plus qu’un cercueil. L’Arménien ne se laisse pas facilement arrêter par la fatigue ou par les obstacles ; il est opiniâtre dans la poursuite de ses intérêts ; j’aimerais à le comparer à l’âne patient d’Homère, qui, malgré les coups dont on le frappe, ne quitte point le champ dans lequel il est entré, avant qu’il n’ait satisfait sa faim. L’aspect de l’or donne aux enfans de l’Arménie une activité qui ne leur est point naturelle, et une certaine finesse qui contraste, avec la pesanteur de leur maintien.

Les Arméniens habitent le quartier des Sept-Tours et le voisinage de l’ancien port de Théodose ; on en trouve aussi à Péra, à Galata et dans quel-