Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/266

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et aux embarras de ce monde, ceux qui veulent s’essayer dans cette vie à l’inaction et au silence du trépas, et goûter sur cette terre le parfait repos de la vie future, vont établir leur demeure à Scutari, qui est pour les Turcs de Stamboul comme la vallée de Josaphat pour les juifs et pour les chrétiens. Je n’ai pas besoin de vous dire que les Turcs qui vont ainsi vivre et mourir à Scutari, ne sont pas les plus chauds partisans de la réforme, et ne doivent pas être comptés parmi ceux qui mettent leur salut ou celui de l’empire dans une civilisation venue de l’Occident.

Je n’ai pas grand chose à vous dire des cimetières situés à l’ouest de Constantinople : ils s’étendent aussi sur un long espace, ils ne reçoivent que la population des plus pauvres quartiers de la capitale : on ne retrouve point dans leurs d’enceintes ombragées d’ifs et de cyprès, la magnificence que nous venons de voir à Scutari. La foule ne s’y rassemble point comme au grand champ des morts de Péra. Ceux qui reposent à l’occident de Stamboul n’ont rien qui puisse les troubler dans l’immobilité de leurs tombes ; les, plaines incultes de Saint-Étienne les entourent de leur solitude. Les fossoyeurs et quelques pieux Osmanlis qui accompagnent leurs amis et leurs parens décédés, sont les seuls êtres vivans qu’on y rencontre, et vous n’y entendez guère que le bruit de quelques arabats qui passent.