Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/268

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siégée par des barbares ; d’autres barbares viendront peut-être l’assiéger encore ; mais en attendant les guerres qui peuvent survenir, n’est-il pas permis de redouter pour la ville impériale cet envahissement des générations descendues dans la tombe ? Dans cette invasion nouvelle, la grande cité ne verra point autour de ses murailles des pavillons, des casques et des lances ; elle n’entendra point le bruit des armes, le tumulte des camps ; mais de tous côtés elle se trouvera pressée par des mausolées, par des cyprès et des colonnes funèbres, et par la multitude silencieuse des morts. Toutes ces images me poursuivent et se mêlent dans mon esprit aux rêves de la fièvre. Depuis que je suis dans ce pays, je n’ai devant les yeux que les tableaux de la destruction, je ne vois que les tristes restes des grandeurs de l’homme ; je me trouve en présence d’un empire qui s’écroule ; d’un autre côté, vos dernières lettres m’annoncent qu’une grande monarchie de l’Europe vient de tomber. N’en voilà-t-il pas assez pour n’avoir plus dans la tête que des révolutions, des ruines, et des tombeaux !