Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/313

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la paix, ni dans la guerre, les hommes les plus capables de le servir, s’ils n’ont répété que Dieu est Dieu et Mahomet son prophète. Les chefs les plus renommés de nos armées, les hommes d’état que notre Europe admire, ne pourraient jouer, dans la réforme des Turcs, qu’un rôle semblable à celui du souffleur sur nos théâtres.

Ce qui doit affliger ceux qui s’intéressent à la régénération de l’empire ottoman, et qui ont cru que notre civilisation pouvait s’y introduire, c’est de voir que cette civilisation est tout-à-fait incompatible avec le caractère et le génie des. Turcs ; il n’est que trop vrai de dire que les Musulmans ne peuvent arriver à la civilisation telle que nous l’entendons, que par une extrême corruption, que par l’oubli absolu de leurs mœurs, de leurs usages, et de leurs traditions religieuses. Une civilisation acquise à ce prix ne serait-elle pas cent fois pire que la barbarie ? Où prendrait-elle ses racines ? à quoi pourrait-elle se tenir pour avoir quelque durée ? Je sais bien qu’une révolution absolue dans les mœurs des Turcs n’est guère possible, mais alors qu’arrivera-t-il ? Que voyons-nous déjà arriver pour l’époque présente ? Les esprits, si on en juge par la capitale, ne sont pas assez corrompus pour adopter les idées nouvelles, et le sont assez cependant pour ne pas revenir aux idées anciennes ; on a détruit le vieil enthousiasme, d’où venait quelquefois l’opposition ; aucun sentiment généreux et