Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/315

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ne voient dans la réforme qu’un fatal présage ; quand on leur dit que le sultan de Stamboul, le vicaire du prophète, le représentant d’Allah, a pris le costume des Giaours, ils ne peuvent s’expliquer une révolution semblable que par la pensée que le monde va finir ; les plus fanatiques regardent Mahmoud comme le dejéal ou l’Ante-Christ dont l’apparition doit annoncer la fin des siècles ; déjà ils croient voir le soleil se lever du côté de l’Occident, comme cela est dit dans le Prophète, et tous ces bruits de changemens et de révolutions ne sont que les sinistres avant-coureurs de la destruction du monde et du dernier jugement. Dans la Turquie d’Europe ou la Romélie, la réforme ne trouve guère de dispositions plus favorables, dans le peuple ; vous avez pu juger de la situation des esprits par ce qui s’est passé à Andrinople à l’arrivée des Russes. Une ville musulmane tombée au pouvoir des infidèles aurait réveillé autrefois le courage du désespoir parmi les Osmanlis, mais on ne voit plus aujourd’hui dans une conquête des chrétiens qu’une punition de Dieu qu’on doit souffrir avec résignation. Dans les contrées les plus belliqueuses, on ne s’en est pas tenu à une désapprobation muette et inactive : les Albanais et les Bosniaques ont montré leur opposition, les armes à la main.

Tel est l’état des esprits dans la capitale et dans les provinces ; examinons maintenant quelles sont les forces que le sultan peu opposer à ces mécon-