Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/323

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clue, ce qui prouverait au besoin qu’on peut sauver un empire et fumer en même temps son chibouk.

Ce ne sont pas seulement les princes de l’islamisme et les grands de Constantinople qui se choisissent des retraites sur ces bords ; il n’est pas de marchand turc, grec, arménien ou juif qui, après être resté tout le jour accroupi dans sa boutique, ne vienne se distraire dans un kiosque dé la rive droite ou de la rive gauche. Tous ces marchands ont ordinairement des kiosques fort modestes et qui n’appellent point les regards ; il leur suffit d’avoir une vue sur le Bosphore, quelques platanes pour se garantir du soleil ; ils ne viennent point ici pour se montrer mais pour cacher leur vie.

Une chose a pu vous attrister en parcourant le Bosphore, c’est la vue des palais et des maisons qui appartenaient aux hommes puissans ou aux riches sur qui sont tombées les foudres du sérail. N’avez-vous pas éprouvé un sentiment pénible à l’aspect du kiosque du fameux Halet-effendi qui gouverna l’empire et dont on cherche vainement le tombeau ? Ce palais, qui pendant quelque temps fut habité par la veuve d’Halet-effendi, est maintenant la demeure de la fille du Sultan. On ne peut voir sans émotion le kiosque des quatre frères Douz-oglou, longtemps chargés de la direction de la monnaie ; deux furent décapités à la porte du sérail, et les deux autres pendus à la porte de leur jardin ; le pacha du