Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/328

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qui bordent le double amphithéâtre du canal ont passé successivement devant moi. Toutes ces bourgades avaient dans l’antiquité un nom qu’elles ont perdu depuis long-temps ; les noms classiques ont été remplacés par des dénominations musulmanes que je craindrais d’écrire incorrectement. Ne me reprocherez-vous point de traiter ici les Turcs comme Anne Comnène traite les Francs, lorsqu’elle dédaigné de prononcer ces noms occidentaux qu’elle appelle barbares ? Plusieurs villages du Bosphore portent le nom d’un arbre, d’un fruit ou d’une fleur ; c’est une remarque qu’il faut faire à la louange du génie turc qui met de la poésie dans presque tous les noms propres ou les noms de lieu. Les villages de la côte asiatique ne sont guère habités que par des Musulmans, car cette terre, comme chacun sait, est plus particulièrement le partage des enfans de l’islamisme. La population de la côte européenne est surtout composée de Grecs ou d’Arméniens. J’ai eu plus d’une fois l’occasion de remarquer que les Musulmans de la rive d’Europe sont moins hospitaliers et moins polis envers les Francs que les Musulmans de la rive asiatique. Les Turcs d’Europe sont rudes et ombrageux ; c’est peut-être parce que nous leur avons donné nos vices, peut-être aussi parce que ne se regardant que comme des étrangers sur cette terre, ils se croient obligés de vivre dans une continuelle défiance. Les Osmanlis d’Asie se regardent là