Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/344

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et de la misère. Ce sont de grandes salles carrées, où se trouvent d’un côté les prisonniers pour dettes, de l’autre tous les crimes, tous les délits entassés pêle-mêle ; comme les salles n’ont point de fenêtres, l’air n’y circule pas, et le soleil ne peut y pénétrer ; une pâle lueur du jour, descendue de la voûte, nous montrait autour de nous des groupes d’hommes accroupis par terre, qui respiraient à peine, et que la chaleur semblait étouffer. À l’aide de mon Arménien, j’ai échangé quelques paroles avec le geôlier. Je lui ai dit que je n’avais trouvé personne dans la prison de la Porte, et que la sienne était peuplée comme un bazar ; cette remarque a paru le flatter. Le nombre de ses prisonniers doit s’accroître encore, car les prisons dépendantes des corps-de-garde de Péra et de Galata viennent d’être supprimées, et tous les gens arrêtés par les patrouilles seront désormais conduits à la prison du vaivode. J’ai demandé au geôlier s’il avait dans sa prison des hommes accusés de meurtre, il m’a répondu que non. — Des voleurs ? — Un très-petit nombre. — La plupart des détenus ont vendu des comestibles au-dessus du prix fixé, ont fréquenté des lieux suspects ; quelques-uns sont arrêtés pour des querelles ; on nous a montré un prisonnier dont le crime était d’avoir appelé un émir, fils du ciel, enfant de la pluie. — L’ivrognerie et l’adultère vous amènent-ils des prisonniers ? — C’est un très-grand hasard qu’on arrête quelqu’un pour cela. L’adul-