Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/349

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des Eaux douces d’Europe sont ce qu’il y a de plus charmant autour de Constantinople ; ils ont été suffisamment décrits par plusieurs voyageurs ; le palais bâti par Hamed III se dégrade de jour en jour et m’a paru livré à l’abandon ; ce palais qui fut, dit-on, construit sur le plan du château de Marly, ne sera bientôt qu’une ruine comme son modèle. D’ici à peu de temps, on ne trouvera plus de traces de la papeterie construite près de l’embouchure du Barbyzès ; si je demandais aux Musulmans qui l’ont dirigée, pourquoi cet établissement est ainsi tombé, ils me répondraient comme votre marchand du bazar : Que voulez-vous ? nous autres Turcs, nous n’en savons pas davantage. Quand les chevaux du sérail sont répandus dans les prairies d’Ali-Bey-Keuï, personne n’a le droit de s’en approcher, et les gardiens bulgares qui ont leurs tentes dans ce vallon, font une police qui dégénère quelquefois en barbarie. J’ai ouï dire que le sultan Mahmoud est resté plusieurs années sans aller aux Eaux douces d’Europe, parce que là était morte une jeune odalisque qu’il aimait avec passion. Cette perte lui avait causé une douleur si vive que, pendant quelque temps, sa raison en fut troublée. Je ne sais ce que les Turcs ont pu penser du désespoir de leur sultan ; pour moi je trouve dans cet amour et dans ce deuil quelque chose qui m’intéresse et qui m’attendrit ; quoi de plus touchant en effet que le contraste de la puissance de-