Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/357

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de la finesse, de l’observation, une certaine connaissance du cœur humain ; je trouve dans ses lettres ce que j’aime surtout dans les vôtres, des traits ingénieux, des aperçus délicats, l’aimable abandon de la causerie, quelquefois des pensées élevées, mais jamais ce vain étalage d’érudition, cette science facile qu’on trouve dans les livres et qui n’a rien de commun avec l’esprit. Aussi la noble ambassadrice se moque-t-elle de temps en temps des graves érudits, de tous ceux qui viennent dans l’Orient pour remuer des pierres et pour entasser les longues dissertations. Elle écrivait cependant aux plus beaux génies de son siècle, et jamais ses correspondans ne se sont avisés de la trouver légère et superficielle.

Les forêts de Belgrade sont principalement composées de châtaigniers et de grands chênes, entourés de roses sauvages ; on y voit beaucoup d’arbres d’une extrême vieillesse, car ces forêts n’ont à craindre que les ravages du temps et de la foudre ; des firmans défendent, sous des peines sévères, qu’on touche aux bois de Belgrade destinés à appeler les nuages et l’eau du ciel. J’ai traversé le village de Pyrgos, construit au penchant d’un coteau, entouré de champs cultivés, de prairies et de jardins. À peine a-t-on quitté Pyrgos et ses rians paysages, qu’on passe tout à coup dans une campagne inculte et désolée ; on a vu le Barbyzès ombragé d’auneset de saules dans la vallée de Pyrgos,