Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/366

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l’ambassade de France. Le capitan-pacha et le séraskier circulaient autour de la table pendant le dîner. Comme le costumé équivoque de la réforme ne permet pas toujours de reconnaître la dignité des personnages, et que les deux ministres de la Porte se tenaient derrière nous, j’ai été une fois sur le point de commettre une grosse bévue, et de demander à boire au grand-amiral. Des toasts ont été portés comme dans nos banquets patriotiques ; l’Europe qui était là a bu à la santé du sultan et au succès de sa révolution. Le séraskier, armé d’un verre où brillait le champagne, a bu à la santé des souverains dont les ambassadeurs étaient présens. La musique de Mahmoud s’est mise alors à jouer tous les airs de nos opéras de France et d’Italie ; et pour mettre un peu d’à-propos dans son concert, sans toutefois prendre un parti, elle a fait entendre, tour à tour, la Marseillaise, Vive Henri IV, God save the King ; ainsi s’est terminée la revue de San-Stéphano.

Peu de jours après, on a passé à Scutari une seconde revue ; la cavalerie a manœuvré dans la plaine ; des tentes étaient dressées sûr l’emplacement de l’ancien palais de Théodora, femme de Justinien ; à la revue de San-Stéphano, je n’avais vu que très-peu d’Osmanlis parmi les spectateurs ; mais celle de Scutari avait attiré une grande partie de la population de Constantinople ; la tente dans laquelle a été reçue le corps diplomatique était dé-