Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/369

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une vaine ostentation n’est point de la grandeur, et que l’amour d’une noble renommée n’a rien de commun avec ce besoin de se faire voir et d’être applaudi comme un acteur sur la scène.

Je vous ai déjà fait remarquer qu’il entrait un peu de dépit contre les vrais croyans dans cette conduite de Mahmoud ; peut-être voudrait-il retrouver chez nous la popularité qu’il a perdue chez les Turcs ! Il ne sait pas sans doute tout ce qu’il y aurait à redouter pour sa gloire, s’il la mettait en discussion au milieu des opinions mobiles de nos sociétés, et s’il en appelait, pour faire juger ses œuvres, à tous nos esprits raisonneurs, à tous nos distributeurs passionnés de la louange et du blâme. Lors même qu’il obtiendrait l’estime passagère des Francs, cette estime le défendrait-elle au moment du péril ! Qui sait si elle n’attirerait pas sur lui de nouveaux orages que tout l’Occident ne pourrait conjurer ! Il eût été plus sage, je crois, de chercher à plaire aux Osmanlis, qui seuls peuvent s’opposer ou s’associer efficacement à ses projets, car il faut avant tout chercher les suffrages des peuples qu’on est appelé à gouverner, et la gloire d’un grand roi doit toujours commencer dans son empire.