Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/373

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trop familiers, et pour juger sous ce rapport l’Ulysse des Turcs, il suffit de l’avoir vu chez lui au milieu de ses soldats de plomb et de ses canons de bois : défiant, jaloux, impérieux, il ne peut souffrir d’auxiliaires ni de conseillers, encore, moins des contradicteurs, d’où il résulte qu’on n’est averti du mal que lorsqu’il arrive, et qu’il faut souvent recommencer ce qu’on a fait ; prenant au hasard ses agens, et presque toujours mécontent de ceux qu’il emploie, il veut tout faire par lui-même et son activité s’épuise dans de stériles détails. C’est ce qui explique la lenteur avec laquelle tout marche dans son administration ; et dans tout ce qui dépend de lui. Combien cette lenteur peut devebir funeste dans un moment où, de tous côtés, la guerre civile menace l’empire ! Aussi les Turcs prévoyans disent-ils entre eux que le danger viendra monté sur un cheval arabe, tandis que le boiteux séraskier s’avance lentement dans le lourd arabat de la réforme.

On parle peu du grand-visir qui est comme exile dans la province de Thessalonique, et dont les fonctions se réduisent à faire la guerre aux Albanais ; je vous ai déjà dit que ce ministre de sa hautesse combattait les ennemis de la réforme avec les moyens et les armes qu’on employait autrefois, ce qui présente une véritable anomalie dans l’ordre de choses qu’on veut établir. Le grand-visir défend la révolution pour obéir à son maître, il la défend