Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/381

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Après avoir été battus dans une campagne, il leur est arrivé, quelquefois, de se relever dans une négociation. Nous avons vu les Turcs se montrer avec éclat dans la défense d’une ville ; il en est de même lorsqu’ils sont retranchés dans les questions et les subtilités de la diplomatie ; placez-les derrière une muraille ou derrière un traité, et vous verrez ce que peuvent encore leur courage, leur patience et leur génie opiniâtre.

Il ne faut pas croire que les Turcs aient toujours eu à se louer de la bonne foi des Francs, et même de celle de leurs meilleurs amis ; on leur a souvent fait la guerre, on les a souvent dépouillés, tout en leur adressant les protestations les plus amicales ; mais, si d’un côté on prodigue les fausses promesses, de l’autre, on ne les épargne guère. Les Turcs ne se plaignent pas, avec trop d’amertume, d’un manque de foi ou d’une perfidie, parce qu’ils ne mettent pas eux-mêmes une grande franchise dans leurs démonstrations d’amitié. Le divan ne s’occupe pas de distinguer un attachement véritable d’un attachement équivoque, et ne songe qu’à tirer parti de l’un ou de l’autre. Les Osmanlis mettent tous leurs soins à étudier de quel côté vient la force et se tournent, volontiers de ce côté. Les Russes, qui les ont battus, attirent maintenant leur attention et leur déférence. L’ambassade russe a la plus grande prépondérance dans le divan, et tout le monde craint de lui déplaire.