Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/383

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maintenant ? — C’est qu’autrefois, me répondit-il, nous arrivions, et que, maintenant nous nous en allons. Croyez-vous que dans un cas pareil, un de nos hommes d’état de Paris s’en tirât avec plus d’esprit et de grâce ?

Les Turcs, ou plutôt ceux qui gouvernent la Turquie, sont d’ailleurs persuadés que l’Europe ne veut pas que l’empire ottoman succombe et qu’il devienne la proie d’un conquérant ; cette persuasion fait leur sécurité au milieu des plus grands périls. Tandis que les Moscovites marchaient vers la capitale, le divan ne s’occupait d’aucun préparatif de défense, et le sultan se bornait à faire demander aux ambassadeurs s’ils le suivraient au-delà du Bosphore. On étranglait sur les places publiques quelques Osmanlis qui s’inquiétaient ; mais le Sérail paraissait fort tranquille : il attendait l’Europe, et l’Europe en effet arriva pour se placer entre Stamboul, la ville de toute sûreté, et l’armée victorieuse des Russes. Ce sont les ministres étrangers qui ont fait la dernière paix, et les Turcs l’ont signée comme témoins. Il faut d’ailleurs remarquer que les vieux souvenirs des Turcs sont quelquefois embarras sans pour leur diplomatie actuelle, et que les traditions des jours de la victoire ne vont guère à des temps comme ceux que nous voyons. La loi religieuse leur défend de rien céder de leurs conquêtes : point de paix, si elle n’est avantageuse, dit le Coran. On connaît cette autre maxime : Ne fléchissez pas, ne soyez