Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/389

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de Scutari ; ces deux collines que sépare un bras de mer sont aussi étrangères l’une à l’autre que s’il existait entre elles un intervalle immense.

Étudions d’abord Péra ; les Grecs et les Arméniens de ce faubourg n’entreront point dans mon tableau. La population franque de Péra peut se diviser en trois classes : la première est celle des négocians, la seconde est ce qu’on peut appeler la nation diplomatique, la troisième ce sont les aventuriers. Beaucoup de gens en Europe ayant lu ou ayant entendu dire que les Turcs n’étaient guère propres qu’à posséder inutilement de grands royaumes, ont eu l’idée de venir se mettre en quelque sorte à leur place ; ils ont cherché à profiter des avantages que négligeaient les Ottomans, et l’activité européenne s’est établie à côté de l’indolence asiatique. Des hommes venus de tous les pays de l’Occident exploitent les différentes branches du commerce et de l’industrie ; chaque jour de nouveaux commerçans arrivent et ne doivent compte à personne de leurs projets ; on peut rester à Péra, on peut en sortir à volonté ; on est libre ici comme dans les Khans du désert. La longue rue de Péra est remplie d’orfèvres, de bijoutiers, de tailleurs, de pharmaciens, de cafés francs, etc., etc. Les plus forts négocians ont leurs demeures à Galata ; ils vivent là au milieu des souvenirs de cette république marchande qui dans les derniers temps de l’empire grec régnait sur Bysance et sur la Mer--