Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/393

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est surtout sous ce rapport que notre pauvre Europe est ici parfaitement représentée. Ajoutons à cela que les malheureuses querelles politiques retentissent à Péra comme dans nos pays ; la guerre est à Péra quand la guerre est en Europe ; la colline franque a du dévouement pour toutes les mauvaises causes, de l’enthousiasme pour toutes les révolutions.

Il ne faut pas que j’oublie l’église de Péra desservie par des religieux latins. Depuis notre départ de France, nous n’avions point entendu la cloche ; le gouvernement turc a permis aux Francs d’en avoir une, et les religieux, usant largement du privilège, ne laissent point leur cloche en repos ; les moines latins se plaisent à faire retentir l’airain pieux aux oreilles des Turcs ; les bons pères mettent là leur joie et leur orgueil. L’église ne suffit point au nombre des fidèles, le dimanche et les jours de fêtes ; des Grecs et des Arméniens catholiques se confondent avec les Francs dans le sanctuaire, et le même autel réunit ainsi des hommes séparés entre eux par un caractère et des intérêts différens. On se moque beaucoup des moines en France, et quand nous sommes passés à Marseille, des clameurs s’élevaient contre quelques capucins qui se trouvaient dans cette ville. Les capucins sont mieux traités à Péra ; ils sont aimés et respectés comme ils le méritent, et les Francs n’ont point conservé à leur égard les préventions qu’on a contre eux dans nos