Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/411

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Ils sont d’ailleurs persuadés que leurs fils ou leurs filles doivent avoir une destinée brillante, et qu’en les vendant comme esclaves, ils les mettent sur le chemin de la fortune. De leur côté, les jeunes garçons, et surtout les jeunes filles à qui on fait accroire qu’elles vont être des sultanes, abandonnent sans regret des parens misérables, et se persuadent qu’il y a du bonheur à les quitter.

Les habitans de la Mingrelie et de la Circassie se trouvent partagés en diverses tribus ; les chefs de ces tribus vendent les enfans de leurs esclaves ; il faut ajouter qu’ils sont presque toujours en guerre, et que leur prisonniers vont peupler les marchés de Stamboul, d’Alep et du Caire. Toutes ces populations ont ainsi conservé les maximes barbares de l’antiquité, qui condamnaient les vaincus à devenir la propriété du vainqueur ; on n’entend pas autrement le droit des gens chez la plupart des peuples de l’Asie. Un derviche, venu du pays de Bagdad, demandait un jour à mon interprète si nous avions des esclaves en France. Mon interprète lui répondit que non. — Que faites-vous donc de vos prisonniers de guerre ?

Il arrive quelquefois que des Francs, des voyageurs européens, jetés sur la côte par quelque accident de mer, tombent entre les mains des habitans, et sont retenus comme esclaves. Mon marchand de Tophana me disait un jour qu’un de ces prisonniers francs avait cruellement trompé sa foi ;