Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/59

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dont on ne trouve plus aucune trace. Nous ne pouvons oublier qu’Arisba fut la patrie de ce bon Taxile dont Homère a célébré les vertus hospitalières. La maison de Taxile était toujours ouverte aux voyageurs et aux malheureux ; tous ceux qui souffraient avaient leur place autour de ses foyers. « Mais au jour du péril, dit le poète, lorsque dans les champs troyens le glaive ennemi trancha sa vie, aucun de ceux qu’il avait comblés de biens ne se présenta pour le défendre. »

Il y avait dix heures que nous étions redescendus à terre, et que nous attendions le moment favorable pour nous embarquer, lorsqu’enfin la mer s’est un peu calmée ; nous sommes remontés dans notre caïque qui est venu nous prendre sur la rive septentrionale d’Abydos ; notre bateau avait sept rameurs, tous habitans de Maïta ; nous avons pris à notre bord un pauvre prêtre arménien qui revient d’Égypte, et que le consul de France aux Dardanelles avait recommandé à notre charité. Notre caravane s’était accrue en même temps d’un sous-officier de l’armée grecque qui voyage avec l’uniforme de son grade, et un passeport de Capo d’Istria. Le prêtre arménien n’est point allé sur les bords du Nil pour voir les Pyramides, ni pour étudier les ruines de Thèbes et de Memphis ; il ne rapporte du pays de Sésostris que des haillons et beaucoup de misère ; il ne sait que sa langue maternelle et un peu de turc, ce qui rend assez diffi-