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Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/28

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excellence ? Il faut donc que la dorure soit mâle et nourrie, mais non pâteuse et lourde.

Quant au choix de la décoration, nous allons dire en quelques lignes tout notre avis à cet égard. Nous prions à l’avance le lecteur dont nous choquerions les habitudes de ne voir, dans l’ardeur avec laquelle nous exprimons nos idées, que l’expression de notre amour pour notre art, la sincérité de convictions fondées sur une longue pratique de la Reliure, et des études toutes particulières de cette branche si intéressante de notre industrie nationale.

Si la fortune nous permettait de former un jour la collection de nos rêves, elle serait choisie parmi les belles impressions de tous les siècles dans des reliures de leur temps. Si nous faisions reproduire une reliure ancienne, ce serait toujours sur un livre de la même époque ou traitant de l’art de cette époque, préférant à un Antoine Vérard de 1498 richement relié au dix-huitième siècle, comme celui de la Bibliothèque nationale, un Daphnis de 1718 habillé par le même relieur, le livre du quinzième siècle eût-il cent fois plus de valeur, et des romantiques sortant des mains de Bauzonnet à des livres gothiques aussi rares que précieux sur lesquels il aurait poussé des fers du dix-septième siècle. Pour des exemplaires de choix des livres récemment publiés, nous demanderions aux relieurs une décoration nouvelle, et non des copies d’anciennes reliures, à moins que le livre ne soit une réimpression.

Les relieurs n’ont pas cherché une autre voie parce qu’ils n’y ont pas été engagés, et qu’il est de mode aujourd’hui de ne trouver bien que les reliures anciennes. Après avoir regardé avec indifférence pendant de longues années