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Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/73

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L’un est décoré d’un dessin d’entrelacs de l’époque de Henri II, qui peut rivaliser avec les plus beaux monuments de la Reliure de cette époque ; l’autre, orné d’une merveilleuse composition dans le style de la Reliure de de Thou, dont nous donnerons la reproduction dans le courant de cet ouvrage, est un magnifique spécimen de l’art du doreur à la fin du seizième siècle.

Nous n’avons pas vu de coffrets que nous puissions attribuer d’une façon sûre à le Gascon, mais il est certain qu’il en exécuta, et ses nombreux imitateurs en ont laissé un grand nombre. Un dernier exemple : M. Léopold Double, qui a réuni tant d’œuvres de toute sorte de l’art français du dix-huitième siècle, est le possesseur d’un petit coffret exécuté par le doreur qui fit les dentelles de Derome.

Revenons aux reliures de Henri II. Il y aurait un grand intérêt à connaître les noms de ces maîtres doreurs, si l’on pouvait leur donner d’une façon certaine la paternité de telle ou telle reliure célèbre ; ne pouvant le faire, puisqu’ils ne signèrent pas leurs œuvres, il ne faut citer les relieurs anciens qu’avec une réserve extrême, les connaîtrait-on tous par les Inventaires ou les Livres de comptes.

On nous permettra de comparer les petites choses aux grandes, et de dire que si les noms de Jean Goujon, de Germain Pilon ne peuvent être prononcés sans causer une sorte d’émotion devant ceux qui s’intéressent à l’art français de la Renaissance, c’est que leurs œuvres inséparables de leur nom reviennent aussitôt à la mémoire, et que l’on semble, en en parlant, ressentir à nouveau le plaisir que l’on a goûté dans la contemplation de ces merveilles !

Un nom surtout que l’on serait heureux de retrouver pour le transmettre à la postérité est celui de cet incomparable doreur qui, dédaignant les fers gravés à l’avance<ref>