Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du jour. La ville semblait assoupie. Charlotte ne s’étonna pas d’un si grand calme en temps de troubles : à Caen même, elle avait vu souvent la vie continuer à deux pas de l’émeute. D’ailleurs, elle ne parvenait pas à s’intéresser aux spectacles de la rue, aux monuments même : elle ne suivait que sa pensée.

Lorsqu’elle se présenta de nouveau chez Lauze de Perret, le député achevait son repas. Néanmoins, il reçut aussitôt l’envoyée de Barbaroux, dans la salle à manger même. Une demi-douzaine de convives entouraient la table. « Je voudrais, lui dit-elle, vous parler en particulier. » Ils passèrent dans le salon. Lauze de Perret s’excusa. Il était rentré en retard et ses convives l’avaient aussitôt réclamé. Il avait donc juste ouvert le paquet, qu’il avait posé sur la cheminée, sans prendre le temps de lire la lettre de Barbaroux.

Lorsqu’il en eut pris connaissance, il demanda à Charlotte des nouvelles des proscrits et se mit à sa disposition. Elle le pria de l’accompagner au Ministère de l’Intérieur, afin d’obtenir le dossier de Mlle de Forbin. Malgré sa hâte, elle n’osa pas lui demander de s’y rendre sur-le-champ. Car il était attendu par ses amis. « Demain, lui dit-elle, si vous voulez