Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mes parents. N’oubliez pas ce vers de Corneille :

Le crime fait la honte, et non pas l’échafaud.

« C’est demain à huit heures qu’on me juge. Ce 16 juillet. »

Le lendemain, mercredi 17, vers huit heures du matin, ses gardes la conduisirent, à travers le Palais de Justice, de sa cellule au Tribunal. Elle était vêtue, comme le soir où elle avait pénétré chez Marat, de sa robe claire et mouchetée. Mais elle portait son bonnet de linon plissé, d’où sa vivante chevelure s’échappait en torsades répandues sur ses épaules.

Elle s’arrêta devant la loge des concierges, les époux Richard, qui la traitaient avec humanité, comme ceux de l’Abbaye. Elle les pria de tenir prêt son petit déjeuner. Elle pensait revenir très vite : « Ces messieurs, dit-elle, doivent être pressés d’en finir. »

La salle d’audience regorgeait. Elle était profonde, crûment éclairée par deux vitrages haut placés. Malgré l’heure matinale, il y ré-