Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/145

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faire parvenir ces lettres à leurs destinataires. Le président, sans s’y engager, lui demanda si elle n’avait rien à ajouter à ces lettres.

— Il manque une phrase à la lettre à Barbaroux, dit-elle. La voici : Le chef de l’anarchie n’est plus. Vous aurez la Paix.

Fouquier-Tinville se leva. Un long réquisitoire était bien inutile. Brièvement, il réclama la tête de l’accusée.

Le président donna la parole au défenseur. Pendant les débats, les jurés avaient fait dire à Chauveau-Lagarde de renoncer à la parole et Montané l’avait engagé à soutenir que l’accusée était folle. Charlotte devinait ces sollicitations. Elle craignait qu’il n’y obéît, ou encore qu’il ne tentât d’atténuer par de petites raisons sa grande action. Elle entendait l’assumer pleinement, hautement, jusqu’à la fin. Comme s’il eût compris son désir, il se borna à plaider en quelques phrases la passion politique.

« … Ce calme imperturbable et cette entière abnégation de soi-même qui n’annoncent aucun remords pour ainsi dire en présence de la mort même, ce calme et cette abnégation, sublimes sous un rapport, ne sont pas dans la nature. Ils ne peuvent s’expliquer que par