Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/156

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trop grand pour approuver une pareille bassesse ; il savait, et tout le monde doit le savoir, que quand le crime est puni, la loi est satisfaite… »

Sous l’ignoble insulte, la face de Charlotte Corday aurait rougi… Cette légende souleva des controverses passionnées. Parmi ses contemporains, des savants, comme Cabanis, refusèrent de croire à la réalité même du phénomène. D’autres, comme le docteur Sue, père du romancier Eugène Sue, le naturaliste Soemmering, voulurent y voir une preuve de la survie. D’autres encore, comme le docteur Léveillé, affirmaient que le coup de cette brute avait provoqué une sorte de congestion toute mécanique. On supposa aussi que cette rougeur n’était que la trace de la main ensanglantée du valet. Plus tard, Michelet imagina que les feux du couchant avaient empourpré de leur reflet le doux visage de la morte.

De la Place de la Révolution, les restes de Charlotte Corday furent transportés à l’hôpital de la Charité, où ils furent examinés par deux médecins, en présence de deux délégués de la Convention. L’un d’eux était le peintre David. Depuis la mort de Marat, les pires calomnies salissaient la jeune fille. On l’accusait notam-