Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/168

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lités prirent le nom de Marat. Par exemple, le Havre-de-Grâce devint le Havre-Marat ; Neuville-sur-Saône s’appela Marat-sur-Saône.

Enfin, le 21 septembre 1794, fut célébrée la suprême apothéose. Les cendres de Marat furent transportées au Panthéon sur un char triomphal, suivi par la Convention, les élèves officiers, les orphelins de guerre, des troupes à cheval. Des chœurs chantaient des hymnes de Méhul et de Cherubini à la gloire des martyrs de la Liberté. Et tandis qu’on expulsait par une porte basse les « restes impurs » de Mirabeau, un huissier lisait solennellement, au seuil du Temple dédié aux grands hommes, le décret qui conférait à Jean-Paul Marat « les palmes de l’immortalité ».

Cinq mois plus tard, le 27 février 1795, en la présence d’un commissaire de police et de son greffier, le cercueil de Marat était extrait du Panthéon, puis inhumé à quelques pas de là, dans le cimetière Sainte-Geneviève…

Le peuple avait changé de dieu. La Convention, qui s’était laissée porter par la foule dans cet immense élan vers Marat, n’avait fait que la suivre dans son reflux : l’Assemblée venait de décréter que les honneurs du Panthéon ne