Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reté générale afin d’y subir un nouvel interrogatoire, avant d’être incarcérée à la prison de l’Abbaye ? Les avis sont partagés.

J’ai pensé que ce nouvel interrogatoire n’avait pas eu lieu. D’abord, il n’en subsiste aucune trace, alors que les moindres pièces du procès sont parvenues jusqu’à nous. Ensuite, Charlotte n’en parle pas dans sa lettre à Barbaroux.

Mais voici la preuve capitale à mon sens. Drouet, comme délégué du Comité de Sûreté générale, s’est transporté chez Marat, puis il a conduit Charlotte Corday à l’Abbaye. À la Convention, le 14 juillet, il rend compte de sa mission. Il succède à la tribune à Chabot, qui a raconté ce qu’il a vu chez Marat. Drouet débute ainsi : « Je ne parlerai pas de ce qui s’est passé chez Marat. J’ai conduit l’assassin à l’Abbaye… » Il rapporte la fureur du peuple, les mots qu’il a prononcés pour l’apaiser. À aucun moment il n’est question d’une halte, d’un nouvel interrogatoire. Évidemment, le fiacre a été droit de la rue des Cordeliers (actuellement rue de l’École-de-Médecine) à Saint-Germain-des-Prés. Il n’a pas fait le long détour des Tuileries, où siégeait le Comité de Sûreté générale.