Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que la guerre est inévitable dans un avenir rapproché, parce que la France la désire violemment et s’arme fébrilement pour s’y préparer. À Paris, les mêmes intentions sont prêtées au gouvernement impérial… Il n’y a peut-être là qu’une effroyable méprise chez l’un comme chez l’autre des deux peuples. »

Et la crainte mutuelle va grandissant. Bientôt, à Paris, le baron Guillaume ne rencontre plus que des gens « lui assurant qu’une guerre prochaine avec l’Allemagne est certaine, fatale », tandis que le Kaiser, renonçant à son attitude pacifique, s’apprête à ce qu’il appellera « une guerre préventive ».

Et, le plus poignant, c’est que, dans le même temps, tous ces témoins impartiaux constatent que les grandes masses ne veulent pas la guerre !

De Berlin, le baron Beyens écrit en février 1914 : « La majorité des Allemands et des Français désire incontestablement vivre en paix. Mais une minorité puissante dans les deux pays ne rêve que bataille, lutte de conquête et de revanche. Il faut vivre à côté de ce danger, comme à côté d’un baril de poudre dont une imprudence pourrait provoquer l’explosion. »

Et en juin 1914 : « La majorité de la nation française ne veut certainement pas une guerre.