Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/151

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qu’on sera tout de suite soutenu par un chœur de fanatiques, les uns ambitieux, les autres sincères, tous épris de violence.

« On a bien quelques hésitations, sinon quelques scrupules. Si ces alertes, cette jactance, allaient effrayer outre-mesure les féodaux d’en face, qui mènent d’ailleurs le même tapage ? Bah ! Ils connaissent les règles du jeu. Ils savent bien qu’il s’agit de chercher des débouchés, et non pas des coups. L’essentiel est de crier plus fort qu’eux, afin de les intimider. Tout de même, si on finissait par se prendre au sérieux, si on finissait par se faire peur, mutuellement ? Si, à force de brandir le poing, on le laissait tomber ? Si la guerre économique devenait la guerre ?… On n’en veut rien savoir. En tout cas, l’horreur n’en serait-elle pas diminuée par la certitude que le conflit assurerait d’immenses bénéfices, qu’il abolirait des antagonismes irréductibles, qu’il débloquerait une situation sans issue apparente, et surtout qu’il délivrerait le capitalisme, par la diversion et la saignée, de la marée démocratique, de l’odieuse menace populaire ?

« Et puis, la guerre, on en revient, même quand on y va.

« Donc, on joue de la presse, comme on jouerait des grandes orgues, afin d’exalter la