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doit être entre le communiqué français et le communiqué allemand. Or, la plupart de ceux qui suivent passionnément les opérations refusent de lire le communiqué ennemi, qu’on trouve dans les journaux suisses. Ils ne veulent connaître de la guerre que son aspect favorable. La presse s’est portée au devant de leurs vœux.

8 janvier 1916.

Les officiers qui viennent au rapport près de mon mari admettent tous la guerre comme une nécessité naturelle, un métier régulier. Ils en parlent avec une insensibilité de chirurgiens, une austérité de religieux, mais d’un ton simple et sans jactance. J’ai vu aujourd’hui un héros d’une autre sorte. « Au début de la campagne, nous confia-t-il, je me suis approché d’une tranchée où gisaient deux cents soldats français, morts, déjà noirs, gonflés, pareils à des sénégalais géants. Je les ai flairés longuement et, comme je ne flanchais pas, je me suis dit : la guerre peut durer. »

Il était pourtant doué d’une grande délicatesse d’odorat. Pendant la bataille de la Marne,