Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/195

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pas se blottir, qui ne vous enveloppe pas, qui ne vous réchauffe pas tout entière. Dès les premiers mots, il m’a demandé :

— Qu’en dit son père ?

Mon mari est absent. Il visite ses nouvelles usines de la Loire. Il ignore le projet de son fils. René a voulu me pressentir la première. Et je vis de l’espoir que Pierre refusera son consentement.

Mais je sais que pour Paron, cette simple question : « Qu’en dit son père » ? contient tout un drame. À ses yeux, mon mari n’est-il pas l’un de ces hommes qui, se menaçant par-dessus les frontières, ont allumé la guerre au choc de leurs intérêts ? Et il lui apparaîtrait monstrueux, hors nature, qu’un de ceux qui ont mis le feu au bûcher y poussât prématurément son enfant.

Hélas ! Ces hommes, ces féodaux de toutes races, ne se soupçonnent pas d’un crime. Ils n’en ont pas conscience. Si on leur criait que leurs âpres rivalités ont embrasé le monde, ils éclateraient de rire. Ils se retrancheraient vite derrière les responsables officiels. Ne sont-ils pas connus ? Dans chaque pays, les voix de la presse et de la tribune n’ont-elles pas désigné chez l’ennemi les grands coupables, les grands