Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/217

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presque aussi déchirante que la première. Mais, tout de même, il y a des enfantements plus ou moins douloureux. Ne suis-je pas particulièrement éprouvée ? Je suis seule. Je n’avais que mon fils. Jamais je ne l’avais quitté. La guerre qui me le prend ne m’inspire que de l’horreur. Elle m’apparaît comme un crime dont je connaîtrais les auteurs, les uns étrangers, les autres si proches…

23 mai 1916.

À Nancy, dans un discours rigoureux et strident, Poincaré a de nouveau dicté les conditions de la paix. Pierre approuve. La presse aussi. Les feuilles les plus conservatrices sont les plus chaleureuses. De l’une d’elles, ce commentaire : « Le mot paix sera dérisoire dans une bouche allemande tant qu’elle aura des dents. » Quelle prime offerte aux arracheurs de dents…

Aujourd’hui, le député Raffin-Dugens, un de ceux qui rencontrèrent à Kienthal des socialistes allemands, a posé à la Chambre cette question : « Combien d’hommes et d’argent coûtera la paix décrétée à Nancy par M. Poincaré ? » Il va de soi qu’elle est restée sans réponse.