Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/233

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le président Wilson a parlé de médiation. Une gentille journaliste américaine, Mary Hopkins, interroge là-dessus mon mari. Qu’en pense-t-il ? Solide, avantageux, il domine et respire cette jolie fille. Et il répond fièrement :

— Pas de médiation.

La petite Américaine ne se tient pas pour battue. Elle demande :

— Alors, à quand la fin ?

— Il n’en est pas question.

Il a pris un ton désinvolte et cinglant. Et je sens qu’il s’admire, qu’il se juge héroïque, de prolonger ainsi la guerre jusqu’aux buts qu’il convoite…

J’avais rencontré Mary Hopkins au siège d’une œuvre charitable. Elle envoie en Amérique des reportages sur tous les aspects de la vie française. Elle m’a conté de ses aventures. Au début de la guerre, elle était en Allemagne. Elle fut emprisonnée comme espionne française. On la garda sept jours en cellule. Ses gardiennes, méchamment, l’éveillaient à l’aube en lui disant qu’on allait la pendre. Par contre, un juge militaire, en la voyant pleurer, s’efforça de la consoler et ne trouva rien de mieux, pour sécher ses larmes, que de lui annoncer une victoire anglaise…