Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/244

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d’anecdotes. Il nous conte l’aventure de cette petite actrice parisienne qu’un automobiliste militaire a pu amener au front. On lui fait les honneurs d’un cantonnement, on lui exhibe même un prisonnier allemand. Fanatique comme il convient, elle lui vomit à la face un intarissable flot d’injures, jusqu’à ce que l’homme l’interrompe, avec un ineffable accent faubourien : « Ah ! Zut ! Fermez ça ; à la fin, j’en ai assez ». C’était un soldat français qu’on avait camouflé en prisonnier allemand, afin de corser les émotions de la demoiselle. Mais on n’avait prévu ni ses imprécations, ni l’impatience du faux prisonnier.

Autre histoire. Un apache de profession se couvre de gloire à la guerre. Il est promu sous-lieutenant. Jadis, dans sa vie houleuse, il a été souvent en difficulté avec la police et il garde à ses agents une ferme rancune. Aussi, en permission, s’offre-t-il la suprême volupté de coffrer tous les sergents de ville qui ne le saluent pas.

Cueilli encore par Pierre, ce mot ingénu d’une femme qui eut des bontés pour un soldat anglais et qui en attend un enfant : « Pauvre petit… Quand on pense que je ne pourrai pas comprendre ce qu’il me dira… »