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lement, il n’a plus trouvé cela drôle du tout.

6 octobre 1916.

Il faudrait publier, après la guerre, tous les articles interdits par la Censure. Ce serait un dossier bien curieux. On verrait apparaître la face voilée de la raison. On verrait l’effort continu de cacher à la foule l’horreur de la tuerie et de la convaincre de la nécessité d’une guerre longue. Cela s’appelle « maintenir le moral ».

Paron m’apporte souvent de ces textes échoppés. Leur suppression témoigne bien du double souci de prolonger la guerre et de la montrer en beauté. On censure impitoyablement quiconque écrit qu’une paix honorable est dès maintenant possible. On n’a pas le droit d’imprimer : « Nous ne sommes pas vaincus ». On n’a pas le droit d’attester que les gages territoriaux tenus par les Allemands sont amplement compensés par la possession de leurs colonies et la maîtrise de la mer. Il faut que cet équilibre reste ignoré. Chaque fois qu’on veut le proclamer, on subit le bâillon. « On cache aux Français, a crié un socialiste à la tribune du Reichstag, que la Bel-